Chaque semaine, les pro et les anti-Unai Emery s’affrontent à coups d’arguments fatalement partiaux. Il est temps de sortir de cette opposition contreproductive.
Est-ce possible aujourd’hui de n’être ni pro, ni anti-Emery ? Tandis que certains suivent bêtement la trace laissée par les anti, en ne jugeant que la prestation globale sans faire l’effort de réfléchir aux causes de ces performances en demi-teintes, d’autres défendent aveuglement l’entraîneur du PSG et traquent la moindre statistique flatteuse ou citent le palmarès du technicien, comme si un parcours exemplaire pouvait immuniser contre les erreurs. Le monde du foot est divisé autour d’Unai Emery et rien ne semble pouvoir réconcilier ces points de vues antagonistes.
Dépassionner, analyser et se faire sa propre idée
Malgré tout, en dépassionnant le débat et en analysant froidement les six premiers mois d’Unai Emery au PSG, on peut mesurer objectivement son travail. Non, le PSG ne vit pas une saison calamiteuse et il ne sert à rien de verser dans le catastrophisme après chaque prestation moyenne. À la décharge d’Unai Emery, citons pêle-mêle un environnement sportif et médiatique malsain à son arrivée, un recrutement raté (Jesé, certes, à sa demande), des blessures en pagaille, le départ de la star – leader sur et en dehors du terrain – du club ainsi que des joueurs habitués depuis trois ans à jouer d’une seule façon.
Du côté des responsabilités de l’entraîneur basque, notons la faible progression du jeu parisien, des performances quelconques, une concurrence annoncée et martelée mais peu visible, une gestion aléatoire de ses gardiens et une volonté de changer radicalement de philosophie, depuis atténuée après un début de saison chaotique, l’ayant forcé à faire un léger rétropédalage. Face à Dijon, par exemple, on peut apercevoir que la volonté de placer ses latéraux très haut peut jouer des tours à Emery si la mécanique n’est pas parfaitement huilée.
L’énonciation de ces différents points montre l’inutilité de l’opposition pro ou anti-Emery. Que les dirigeants, les joueurs et l’entraîneur partagent les responsabilités du début de saison moyen (en terme de jeu, moins en terme de résultats puisque le PSG est encore partout à l’entame de la dernière ligne droite) et que se focaliser sur le seul Unai Emery est au mieux une erreur d’appréciation, au pire une volonté de nuire indécente. Emettre des réserves sur le technicien espagnol ne fait pas de vous un ami de Laurent Blanc (même s’ils existent dans le milieu médiatique), et le défendre ne fait pas de vous un supporter aveugle. Il n’est nul besoin de s’étrangler à chaque décision de l’entraîneur parisien.
Les confrontations dépassent même le cadre du terrain. Quand Emery gesticule sur le banc et vit le match avec passion, les anti-Emery s’offusquent alors qu’ils trouvent cela merveilleux quand il s’agit de Diego Simeone. En face, une petite moquerie sur le niveau de français de l’entraîneur parisien – comme il en existe pour chaque joueur ou entraîneur dans ce cas – et c’est la rafale d’insultes, allant même jusqu’à sous-entendre que les auteurs seraient racistes.
Tout est une question de dosage, de mesure. Il faut avoir la lucidité et le recul nécessaire pour juger une situation et ne pas s’enfermer dans des dogmes ou des positions immuables, en oubliant ce que disent les uns et les autres, pour mener sa réflexion à partir de ses propres observations. C’est peut-être trop demander, mais à choisir entre un bulletin anti et un bulletin pro-Emery, je voterai blanc. Et avant qu’on me jette dans une case, sachez que je ne parle pas de Laurent.