Va-t-il connaître la même trajectoire que Claudio Ranieri, enfin « winner » après plus d’une décennie de désillusions ? Le sélectionneur de l’Egypte Hector Cuper, malheureux lors de chacune des grandes finales qu’il a disputées, a une nouvelle opportunité d’enfin remporter un titre majeur, dimanche (19H00 GMT) en finale de la CAN-2017.
« Combien de finale avez-vous joué et combien en avez-vous gagné ? » La question posée sur un ton délicat par un journaliste de la BBC, mais cinglante d’un point de vue symbolique, n’est pas du goût du technicien argentin. « Vous connaissez l’histoire » a-t-il très sèchement répondu, lors de la conférence de presse d’avant-match samedi.
Et pour cause, avec trois finales de coupe d’Europe perdues coup sur coup, d’abord en Coupe des Coupes (ancienne C2, ndlr) la dernière de l’histoire avec Majorque en 1999, puis en Ligue des champions avec Valence (2000, 2001), sans oublier une finale de Coupe du Roi en 1998 ou de Coupe de Grèce en 2010, Cuper est connu comme l’un des plus célèbres « perdants magnifiques » du football.
Comme avant lui son homologue italien Claudio Ranieri, enfin sacré au plus haut niveau à 64 ans après son titre de champion d’Angleterre avec Leicester en 2016, Cuper, 61 ans, attend la consécration d’une carrière très prometteuse à ses débuts mais devenue plus mouvementée ensuite, dès dimanche en finale de la CAN-2017 face au Cameroun.
– Style de jeu très défensif –
« J’espère qu’un jour on me donnera une finale. Je n’ai vraiment pas de chance avec (elles) », avait-il déclaré mercredi dernier, après la qualification aux tirs aux buts aux dépens du Burkina Faso (1-1, 4-3 t.a.b.).
« Il faut être optimiste », avait ajouté l’Argentin, tout en gratifiant la salle de presse d’un sourire détendu puis d’une séance de selfies improvisée avec les journalistes égyptiens.
Pourtant tout n’a pas été rose avec les médias égyptiens qui ont longtemps reproché à l’austère technicien, reconnaissable à ses lunettes noires et à ses cheveux blancs, son style de jeu trop défensif et certains de ses choix de joueurs.
« Il a reçu beaucoup de critiques de toute part au début, car les gens en Egypte veulent voir du beau jeu, offensif, avec beaucoup de buts. Mais comme vous avez pu le voir durant cette compétition, M. Cuper ne joue pas comme cela. Il préfère ne pas en encaisser et jouer en contre-attaque », explique à l’AFP Mohamed Fayouk Hendy, journaliste à l’hebdomadaire Al Ahram.
Car, depuis le début de sa carrière d’entraîneur en 1993 dans le club argentin de Huracan jusqu’à son arrivée sur le banc des « Pharaons » en mars 2015, cet ancien défenseur n’a pas dérogé à ses principes de jeu: extrême rigueur défensive, préférence pour le contre et le jeu vertical.
– Héros –
« C’est un entraîneur très, très défensif », confirme Sergio Conceiçao, l’entraîneur du FC Nantes, qui a joué deux ans sous les ordres de Cuper à l’Inter Milan (2001-2003).
« Un jour je me suis fâché avec lui car en demi-finale de la +Champions League+ 2003, contre l’AC Milan, il voulait que je défende sur Serginho, un latéral très offensif (alors que Conceiçao était milieu offensif, ndlr). Moi je lui avais dit : +Non c’est lui qui doit défendre quand je vais attaquer+ », raconte-t-il, assurant toutefois garder « vraiment un bon souvenir » de lui.
Ce n’est pas forcément le cas des supporters intéristes qui ont vu le « scudetto » leur échapper à deux reprises et surtout leur idole de l’époque Ronaldo plier bagages notamment en raison du style de jeu de l’Argentin: « J’ai quitté l’Inter à cause de Cuper » avait-il même affirmé pour justifier son départ au Real Madrid en 2002.
Mais durant cette CAN-2017, ses principes ont permis à l’Egypte, nation la plus titrée du continent africain (7) qui a connu une traversée du désert de sept ans après son incroyable triplé (2006, 2008, 2010), de rêver à un « come-back » fracassant.
« Maintenant il est perçu comme un héros ! Les gens l’aiment, cela a changé complètement », raconte Mohamed Farouk. Jusqu’à la malchance qui n’a cessé de l’accompagner en finale ?