À 20 ans, l’arrière américain d’origine guinéenne, Hamidou Diallo, fait son petit bonhomme de chemin dans la meilleure ligue de basket du monde. Invité au concours de dunk du All Star Game NBA qui se déroule ce week-end à Charlotte, le jeune arrière sera l’un des joueurs d’origine africaine de cet événement aux côtés de Joël Embiid et de Giannis Antetokounmpo. Entretien par Michaël Da Costa avec un voltigeur à la trajectoire originale.
RFI : Hamidou Diallo, comment vous sentez-vous alors que ce week-end se dispute le All Star Game NBA et que vous allez figurer parmi les concurrents au concours de dunk ?
Hamidou Diallo : Je suis excité, comme un fou depuis que je sais que je participe au concours de dunk. J’ai grandi en regardant des vidéos des légendes comme Vince Carter, Aaron Gordon et Victor Oladipo, et je n’arrête pas d’y penser ! J’ai travaillé sur plusieurs dunks et je vais essayer de faire le spectacle et de le gagner. J’ai le soutien de tous mes coéquipiers et je sais que c’est l’un des événements phares de chaque week-end du All Star Game. Tout le monde aura les yeux sur nous, et je suis prêt à assurer le spectacle !
Vous serez l’un des représentants africains durant ce All Star Week End. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Une fierté, une immense fierté. Je suis très fier de mes origines et je suis aussi là pour représenter le pays de mes parents, la Guinée. Je sais que des gens me suivent et que beaucoup de jeunes veulent essayer de suivre les pas de Joël Embiid et de Giannis Antetokounmpo par exemple, et ce sont de superbes exemples à suivre, des grand frères pour toute la jeunesse du continent et pour nous tous qui avons un lien avec l’Afrique.
Racontez-nous un peu votre enfance, dans le Queens, la banlieue Est de New York…
J’ai grandi dans un quartier qui s’appelle LeFrak, où sont installées plusieurs familles d’origines africaines, surtout d’Afrique de l’Ouest. Il y a eu plusieurs joueurs NBA qui sont sortis de ce quartier, dont le célèbre Kenny Anderson (ndlr : 15 saisons NBA) qui a inspiré beaucoup de jeunes issus de cette zone de New York. Mes parents ont immigré aux Etats-Unis en venant de Guinée, et j’ai toujours aimé être entre mes deux cultures, être né à New York et avoir cet héritage africain. J’ai toujours été fier de mon nom et de mes origines, et je suis très attaché à la culture guinéenne. J’ai grandi avec des parents qui parlaient français ou le dialecte à la maison, et c’est quelque chose qui m’a beaucoup marqué. La Guinée fait partie de moi, et même si je n’y suis pas né je veux essayer de montrer à la jeunesse Guinéenne que tout est possible en bossant dur.
Avec le quotidien très prenant d’un joueur NBA, et en vivant dans l’Oklahoma, qui est une zone un peu isolée des Etats-Unis, comment essayez-vous de garder cette attache avec la Guinée au jour le jour ?
C’est vrai que la vie d’un joueur NBA ne laisse pas trop de temps libre et on voyage tout le temps, on est tout le temps dans une ville différente où notre routine est hôtel-match-voyage tout le temps. Mais je ne perds jamais le lien avec mes origines, je parle à ma famille chaque jour, et certains d’entre eux me rendent visite souvent donc je peux manger des plats traditionnels et partager des moments avec mes parents ou mes proches. C’est vrai que de temps en temps, lorsque je voyage dans une ville et que j’ai envie de manger un plat africain je cherche des endroits pour cela, mais j’ai la chance d’avoir quelques personnes qui savent vraiment mijoter de très bons plats dans ma famille (rires).
Un autre joueur natif de New York, également de parents africains (Côte d’Ivoire et Mali), Mohamed Bamba, évolue au Magic d’Orlando…
C’est un ami, et je suis très fier de voir ce qu’il a fait jusqu’à présent. Mohamed est un joueur très appliqué et travailleur, et ses mensurations énormes font de lui un joueur assez unique. Lui et moi sommes en quelques sortes des ambassadeurs pour la jeunesse new yorkaise et pour les enfants fils et filles d’immigrés africains aux Etats-Unis, et on a la responsabilité de bien faire et de montrer l’exemple. Je pense que l’on a l’opportunité d’être là où nous en sommes aujourd’hui à force de travail et d’abnégation, et si cela peut inspirer d’autres personnes, ce serait génial. Que ce soit dans le domaine du sport ou dans un autre domaine, je pense que nos parcours peuvent ouvrir la voie à d’autres enfants, fils et filles d’immigrés africains aux USA.
A Oklahoma City, vous jouez aux côtés des superstars Russell Westbrook et Paul George, un petit mot sur eux ?
Ce sont deux joueurs fantastiques, des superstars qui te font progresser jour après jour et des coéquipiers qui sont vraiment exemplaires. « Russ » et Paul nous poussent chaque jour à donner le meilleur de nous-mêmes, et ce sont des leaders qui t’aident malgré leur statut de superstar dans le monde du basket. Je suis vraiment heureux de jouer avec ces gars-là, et je pense qu’ils seront au premier rang du concours de dunk demain pour m’encourager !