La catégorie « sport-santé » est venue récemment bousculer l’opposition traditionnelle entre le « sport-loisir » et le « sport-compétition » qui orientait les politiques publiques dans ce domaine. Pour le secteur sanitaire et social, il s’agit d’une révolution copernicienne. Le regroupement de la santé et des sports au sein d’un même ministère à partir de 2007 a manifesté la reconnaissance du rôle de l’activité physique à la fois dans la prévention des maladies, la préservation de l’état de santé ou encore le développement personnel de chacun. Cette reconnaissance, attendue, ne s’est pas démentie depuis.
En réalité, sport et social ont depuis longtemps été associés comme le montre, dès son origine, la politique de la Ville. La pratique d’une activité physique encadrée est même un instrument courant du secteur social, depuis la naissance de l’éducation populaire. Elle va bien au-delà d’une démarche occupationnelle pour les jeunes. Et dans le champ de la prise en charge des plus précaires, le sport peut faciliter l’accompagnement, comme l’a bien montré la Fondation Abbé Pierre en coorganisant en 2011 la Coupe du monde de football des sans-abri. De même, pratiqué avec des travailleurs sociaux formés à l’encadrement sportif, le football permet de s’inscrire dans un projet de groupe tout en renouvelant le rapport au corps. Si l’enseignement du sport mobilise des techniques d’entraînement et d’hygiène de vie, il renforce également l’autonomie de l’individu, sa confiance en lui-même comme dans les autres et son goût pour le collectif. Ce faisant, il contribue à la socialisation des personnes.
Sous de multiples angles, ce numéro d’Informations sociales était nécessaire. Il prolonge, par exemple, la réflexion sur la réforme des rythmes éducatifs, dans laquelle le mouvement sportif demande, et mérite, une reconnaissance pleine et entière de son rôle pédagogique. Plus fondamentalement, les événements nous obligent à nous interroger sur les discriminations au sein de la société française et sur la pratique du lien social. On ne saurait donc oublier la contribution essentielle du sport à la cohésion sociale, tant au niveau microsocial et local qu’à celui des symboles de la communauté nationale, comme l’avait si bien exprimé l’expression « black, blanc, beur » en 1998. À condition, bien sûr, qu’on sache demander au sport d’y contribuer, sans tout attendre de lui.